La Thérapie Narrative
Le processus thérapeutique en "Thérapie Narrative" :
Selon Harlene Anderson:
[…] le but de la thérapie est d’aider les
personnes à dire leurs récits individuels, pour leur permettre de transformer
leur vision d’elles-mêmes afin de développer des façons de comprendre leur vie
et ses événements ; qui leur permettent en tout temps, et en toutes
circonstances, de s’ouvrir à de multiples manières d’être et d’agir dans le
monde, et de parvenir à démontrer leur propre capacité d’action (2005 :
268).
Le mouvement global du processus
thérapeutique narratif s’apparente à une déconstruction-reconstruction du récit
qui passe par le dialogue, ou une « conversation thérapeutique » avec
le patient. Ce processus thérapeutique s’appuie sur la métaphore littéraire. La
vie est considérée du point de vue de celui qui en fait le récit. L’identité
narrative de l’auteur, forgée au gré de sa narration, devient selon l’idée de
Ricœur une entité mobile qui se reconstruit au fil des narrations. En suivant
l’idée d'Alfred Korzybski que la carte n’est pas le territoire, la conversation thérapeutique
cherche à élargir l’horizon de compréhension du patient en essayant d’ouvrir la
narration à une « multivocalité ».
Le questionnement du thérapeute a
pour but de permettre à la personne d’accéder à, ou de redécouvrir, des
connaissances nouvelles la concernant (Mengelle, 2021).
”Vu sous cet angle interprétatif et
narratif, la conversation devient un phénomène linguistique : un processus
de génération du sens. Sa nature transformationnelle repose sur la nature
dialogique de la conversation et sa capacité de re-relater les évènements de
notre vie en leur donnant un sens nouveau et différent. C’est à travers la
conversation qu’apparaît le sens singulier, approprié à la situation et aux
personnes impliquée” (Anderson, 2005 : 128).
A relever que ce processus conversationnel
se distingue radicalement de la pratique statique traditionnelle du questionnement méthodique qui
vise à recueillir de l’information ou à valider les hypothèses dont nous
pensons connaître la réponse avant d’avoir posé la question. (Anderson, 2005). Bien au contraire, pour Mori, ”la conversation
thérapeutique reste ouverte, la progression thématique n’est pas structurée.
Elle est imprévue, inattendue, incomprise, spontanée, elle se passe de tout
commentaire, elle est le fruit des discours.
Dans cet échange, le patient ne
rencontre pas le thérapeute, ce sont des discours qui se rencontrent et qui
donnent des histoires. C’est qu’il ne s’agit pas de parler à un autre, à une
personne, mais bien d’adresser un discours donc s’adresser à un Autre”
(2019 : 95).
L’aboutissement du processus thérapeutique
est, selon Mori (2011), une autobiographie écrite non plus à l’insu du patient,
mais de son plein gré. Dans ce processus, le rôle du thérapeute ressemble à
celui d’un éditeur attentif (Anderson, 2005).